
Pourquoi faut-il lire le livre de Stephen Meyer, Le Retour de L’hypothèse Dieu ?
Si, tout comme moi, vous avez été toute votre vie en quête de réponses sur l’origine de l’univers et de tout ce qui existe, si vous vous posez des questions pour savoir d’où nous venons et pourquoi nous existons, ce livre peut vous apporter une partie de la réponse. En tout cas, il constitue le socle extrêmement solide du débat lié à ces questions. Ce qui est fascinant en lisant ce livre, c’est à quel point l’auteur arrive, avec une précision méthodologique simple et accessible, à remettre l’Église « scientifique » au milieu du village de la « Raison ». Je m’explique.
Quand il s’agit de Dieu, la question est très intime et liée aux convictions les plus profondes. Les avis des personnes peuvent varier : chacun possède ses croyances propres, liées aux origines et à la culture, puis on se heurte parfois aux esprits les plus fermés ou les plus endurcis.
Commençons par les esprits les plus fermés à cette question, souvent influencés par leur propre croyance en l’athéisme, qui en est une. Dans l’inconscient collectif d’une majorité de personnes en Occident, biberonnés dès leur plus jeune âge à la laïcité, Dieu apparaît comme une quête irrationnelle. L’existence même d’un être transcendant, à l’origine de l’espace, du temps et de la matière, ne peut être, selon eux, que le fruit d’esprits primitifs, abrutis par de vieilles fables destinées à asservir l’humanité. La science, quant à elle, a libéré les hommes. Pour cette catégorie, la question de Dieu ne peut être pensée en dehors du cadre religieux.
Pour ceux endurcis par les épreuves de la vie et la souffrance, si Dieu existait, ils n’auraient pas eu à souffrir ni à traverser des épreuves. Ils auraient été moins malades, auraient eu une enfance plus heureuse, et la vie aurait été moins « vache » avec eux. On pourrait allonger cette liste pendant d’interminables pages. Mais force est de constater que, pour eux, la question de Dieu est toujours ramenée à leur vécu : si Dieu existait, ils en auraient moins bavé et il n’y aurait pas eu de guerre.
Cependant, si l’on prend le temps de sortir de ses propres déterminismes et de se pencher sur des sujets tels que l’origine du monde ou l’origine de la vie à travers la science et la rationalité, on peut se demander : Dieu a-t-il toujours sa place ?
Stephen Meyer, dans son ouvrage Le Retour de l’Hypothèse Dieu, aborde tous ces sujets avec rigueur, ne laissant rien de côté.
Petite aparté pour vous présenter l’auteur : il est docteur en histoire et en philosophie des sciences de l’université de Cambridge, auteur de six livres, ancien professeur à l’université de Whitworth et à la Christian Palm Beach Atlantic University. C’est un des fondateurs du Centre pour la Science et la Culture du Discovery Institute. Bien loin d’un CAP coiffure, nous sommes face à un personnage au parcours académique solide, diplômé dans des domaines reconnus.
Un point intéressant : sur sa page Wikipédia, il est indiqué : « Il est un partisan du dessein intelligent, un argument créationniste pseudoscientifique en faveur de l’existence de Dieu. » Or, si vous lisez son livre, l’intégralité des faits présentés provient de plusieurs domaines de connaissances, et la méthodologie reste parfaitement scientifique au sens académique du terme. Selon Wikipédia, la philosophie des sciences est « la branche de la philosophie qui étudie les fondements, les méthodes et les implications de la science. Parmi ses questions centrales figurent la différence entre science et non-science, la fiabilité des théories scientifiques, ainsi que le but et le sens ultimes de la science en tant qu'activité humaine. »
Plongeons donc dans ce livre de 624 pages en y abordant quelques thèmes centraux.
L’opposition entre la science et la religion
Cette opposition n’a pas toujours existé : c’est un mythe, une construction idéologique du XIXᵉ siècle. Stephen Meyer retrace l’histoire de la science physique en abordant Newton, qui affichait clairement ses croyances en un Dieu « chef d’orchestre » de l’univers, en se basant sur ses écrits et les correspondances épistolaires de son époque.
Meyer montre que ce mythe de l’opposition religion/science a été consolidé au XIXᵉ siècle, notamment par deux ouvrages très influents :
John William Draper – History of the Conflict between Religion and Science (1874)
Draper y présente l’histoire des sciences comme une lutte continue entre « la liberté de pensée » et « le dogme religieux ». Mais son ouvrage est plein de biais, d’exagérations et d’anachronismes, caricaturant l’Église et minimisant son rôle dans le progrès scientifique.
Andrew Dickson White – A History of the Warfare of Science with Theology in Christendom (1896)
White voulait légitimer la création de l’université Cornell comme un lieu « libre de religion ». Son livre, très influent dans les milieux laïcs, popularise l’idée que la religion aurait freiné les sciences (en citant par exemple le cas de Galilée), tout en omettant de nombreux contre-exemples.
Ces deux ouvrages ont connu un immense succès dans les cercles académiques et journalistiques anglo-saxons, malgré leur manque de rigueur historique. Ils ont façonné ce que l’on appelle aujourd’hui le « conflit thèse », une vision idéologique erronée d’une guerre constante entre religion et science.
En réalité, le christianisme a été un facteur majeur de développement scientifique. Les premières universités étaient chrétiennes (1088 à Bologne, 1150 à Paris) : elles permettaient la copie des textes antiques, regroupaient et transmettaient tous les savoirs de l’époque où l’on enseignait le trivium (grammaire, logique, rhétorique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie). L’Église a permis le développement de la connaissance et posé les bases de la science moderne. Les théologiens et philosophes chrétiens se basaient sur les écrits théologiques, physiques et cosmologiques du monde grec, notamment d’Aristote. D’autres pensaient que le monde devait être logique et intelligible. La doctrine de l’Église, fondée sur l’hypothèse qu’un Dieu rationnel doté d’un dessein avait créé l’Univers, a permis d’émerger deux idées essentielles, la contingence et l’intelligibilité, qui ont favorisé l’étude de la nature avec confiance. Cette double approche, basée sur l’observation et l’expérience, constitue le socle sur lequel la science a pu décoller. Croire que l’Église a freiné la connaissance est historiquement faux. Pourtant, cette idée s’oppose à une croyance largement répandue.
Les implications profondes de la théorie du Big Bang
Loin d’être une simple histoire d’explosion cosmique, le Big Bang représente une véritable révolution intellectuelle. Il affirme que l’univers, l’espace, le temps, la matière et l’énergie ont eu un commencement. Autrement dit, ils n’ont pas toujours existé.
Avant le Big Bang, rien n’était mesurable : pas de temps, pas d’espace, pas de matière. Cela pose un problème pour toute explication purement matérialiste : comment quelque chose peut-il surgir de rien ? Et par « rien », on ne parle pas d’un vide rempli d’énergie latente, mais d’un néant absolu.
Stephen Meyer insiste sur ce point : une cause doit précéder son effet. Si l’univers a eu un commencement, il doit donc avoir une cause. Cette cause incausée ne peut être matérielle, puisque la matière n’existait pas encore. Elle doit être immatérielle, intemporelle, non spatiale et incroyablement puissante.
Ainsi, le Big Bang ne nie pas Dieu, il le suggère, et impose l’idée d’un commencement, donc d’un modèle de création, ce qui correspond aux traditions religieuses. Il fait voler en éclat le vieux modèle d’un univers éternel et replace la question de l’origine au centre du débat philosophique et spirituel.
Le Big Bang met également en évidence une autre découverte étonnante : le réglage fin de l’univers.
Imaginez que toutes les constantes physiques (la vitesse de la lumière, la force gravitationnelle, la masse des particules…) aient été légèrement différentes : la vie telle que nous la connaissons n’aurait jamais pu exister. Cette précision extrême laisse perplexe. Meyer explique que cette « coïncidence » statistique est si improbable qu’elle remet en question le hasard total et ouvre la porte à l’idée d’une cause intelligente. Une illustration frappante est la formation du carbone.
Le miracle du carbone : une chimie d’une précision extrême
Le carbone est l’élément fondamental de la vie. Sans lui, pas d’ADN, pas de protéines, pas de cellules, donc pas d’êtres vivants. Pas d’humains, personne pour penser, observer, vivre ou agir…
Ce que peu de gens savent, c’est que la formation du carbone dans l’univers repose sur un enchaînement extraordinairement improbable de conditions physiques. Dans le cœur des étoiles, les réactions nucléaires fusionnent des noyaux pour former des éléments plus lourds. Or, le passage de l’hélium au carbone nécessite une étape de transition improbable, connue sous le nom de résonance triple alpha.
Si la masse du noyau de carbone avait été légèrement différente (de moins de 0,1 %), cette réaction ne se produirait pas. Résultat ? Aucun carbone dans l’univers. Donc aucune vie. C’est comme si, pour créer un atome de carbone, il fallait monter une échelle de cinq mètres avec un échelon apparaissant pendant un milliardième de seconde au milieu. L’improbabilité de cette formation chimique à la base de toute vie sur Terre est énorme.
Fred Hoyle, physicien agnostique et farouche opposant à la théorie du Big Bang, fut le premier à souligner cette coïncidence troublante. Il alla même jusqu’à dire : « Il semble qu’un super-intellect ait joué avec les lois de la physique. »
Autrement dit, l’univers semble non seulement fait pour exister, mais aussi pour héberger la vie.
L’ADN, l’information biologique et l’explosion de vie au Cambrien
Lorsque l’on parle de l’ADN, on évoque souvent une « molécule » ou un « code génétique », comme si c’était un simple ingrédient biologique. En réalité, l’ADN est un langage, un système de codage d’une complexité inouïe, comparable à un immense programme informatique écrit en quatre lettres chimiques : A, T, C, G.
Ce qui est fascinant, c’est que l’ADN contient de l’information fonctionnelle : une séquence d’instructions précises pour construire et faire fonctionner une cellule. Comme l’écrit Stephen Meyer : « La vie repose sur un logiciel, et ce logiciel ne s’écrit pas tout seul. »
Dans aucun autre domaine de l’expérience humaine, une information codée, fonctionnelle et ciblée ne provient du hasard ou des lois physiques seules : elle provient toujours d’une intelligence. Il est donc légitime de se demander d’où vient cette immense bibliothèque d’instructions présente dès les premières formes de vie.
L’explosion cambrienne
Il y a environ 540 millions d’années, un événement incroyable se produit dans l’histoire de la vie sur Terre : en très peu de temps, à l’échelle géologique, une multitude de formes de vie complexes apparaissent soudainement, avec des structures corporelles entièrement nouvelles (yeux, squelettes, systèmes nerveux…). C’est l’explosion cambrienne.
Avant cette période, les fossiles révèlent très peu d’organismes multicellulaires. Puis soudain, des dizaines de phylums (les grandes catégories du vivant) surgissent, sans ancêtres clairs dans les couches géologiques inférieures.
C’est un défi énorme pour le néo-darwinisme classique : pour qu’un organisme nouveau apparaisse, il faut de l’ADN nouveau, donc de l’information nouvelle. Cette information n’apparaît pas graduellement, mais massivement et rapidement. Meyer explique que cette explosion soudaine d’innovations biologiques ressemble plus à un acte de création intelligent qu’à une lente accumulation d’erreurs génétiques.
Pour se représenter l’immense improbabilité statistique du séquençage ADN par mutations aléatoires, Meyer cite des travaux évaluant ces probabilités à des niveaux astronomiquement faibles (parfois de l’ordre de 1 sur 10^77 à 1 sur 10^164). C’est comme si la nature devait ouvrir un cadenas à 100 chiffres avec une seule tentative. Même les supercalculateurs actuels seraient impuissants face à une telle tâche sans informations supplémentaires.
La vie ne se limite pas à une seule molécule : elle exhibe une diversité biologique stupéfiante. Imaginer que cette complexité soit née d’une série d’erreurs aveugles revient à postuler un miracle… mais sans cause intelligente derrière, le raisonnement devient absurde.
Ainsi, en plaçant tous les arguments scientifiques côte à côte et en restant cohérent avec les découvertes récentes en cosmologie et biologie, les données semblent converger vers un dessein intelligent, rendant le monde intelligible et la notion de création plausible.
L’inférence à la meilleure explication
C’est le dernier point du livre que j’aborderai. Un peu plus abstrait, mais essentiel pour comprendre le raisonnement scientifique.
L’inférence à la meilleure explication est un pilier du raisonnement scientifique : il s’agit de chercher l’explication la plus plausible d’un ensemble de faits observés.
Ce raisonnement est utilisé dans plusieurs domaines : médecine, criminologie, histoire, et la science n’y échappe pas. Il permet de vérifier si une théorie est viable, selon des critères intelligibles et logiques.
Beaucoup de théories présentées comme définitives (multivers, théorie des cordes, modèles Hartle-Hawking et Vilenkin…) ne sont que spéculatives. À l’inverse, le Big Bang, le réglage fin de l’univers ou l’ADN sont des modèles explicatifs entièrement prouvés, reposant sur des observations.
Même les modèles spéculatifs contiennent un cadre mathématique préexistant et ne peuvent éviter la notion d’origine ultime. Il faut expliquer l’origine des lois elles-mêmes et rester honnête : une création à partir de rien contient déjà les lois qui la déterminent. Une formule mathématique ne s’explique pas par elle-même.
Avec ces théories impressionnantes, un lecteur lambda peut être fasciné par la démonstration intellectuelle, parfois technique et volontairement complexe. Cela peut créer un « écran de fumée intellectuelle » pour ceux qui ne sont pas doctorants en physique, donnant l’impression que ces modèles sont vrais parce qu’ils semblent compliqués.
Conclusion
Je pourrais continuer à détailler tous les exemples de ce livre, tant ils sont passionnants, mais je me contenterai de paraphraser l’auteur. Ce livre est exceptionnel : c’est un enchaînement de véritables « gifles » de réalisme scientifique. La thèse développée tout au long de son œuvre confirme que nous sommes à un tournant majeur de l’histoire des sciences.
C’est comme lire plusieurs livres en même temps : très riche en informations, bien expliqué, parfois complexe parce qu’il faut se familiariser avec certaines notions mathématiques ou physiques, mais cela reste digeste si l’on prend le temps de se poser et de relire certains passages.
Stephen Hawking prend également soin, avec rigueur méthodologique, de questionner le matérialisme. Que vous soyez croyant ou athée, ce livre a un impact intellectuel considérable :
Si vous êtes croyant, il nourrit votre foi et offre un régal intellectuel.
Si vous êtes athée, il représente une véritable bombe intellectuelle, capable de secouer les certitudes et de faire tomber les barrières mentales dans lesquelles l’esprit est parfois prisonnier.
C’est un ouvrage fondateur, une porte ouverte de 624 pages sur le plus grand mystère de tous les temps. L’existence d’un dessein intelligent ne peut plus être reléguée à une simple fable. Le matérialisme, en tant qu’idéologie, s’est drapé de la Raison pour expliquer le monde, mais il se retrouve aujourd’hui dans une impasse, s’effondrant sur ses propres bases logiques. Il est impossible de prétendre être cohérent en affirmant que les origines du réel reposent uniquement sur des processus aveugles.
La science nous amène donc vers un retournement de situation : elle qui était censée avoir tué Dieu ou s’en passer, nous ramène finalement vers l’idée d’un créateur. N’est-ce pas là une excellente nouvelle ?
Et la transcendance dans tout cela ?
Au-delà d’être une très bonne nouvelle, ce livre nous réconcilie avec Dieu, et ce de manière totalement rationnelle. Nous sortons des idées reçues en faisant place nette. Nous accédons à quelque chose de véritablement transcendant, quelque chose qui va au-delà de la matière, de l’espace et du temps. Cela dépasse l’être humain, le guide dans sa quête de sens et vient abreuver son essence spirituelle.

S'élever vers la vérité pour faire germer le meilleur.
Newsletter
Abonnez-vous maintenant à la newsletter pour recevoir les derniers articles
Créé avec ©systeme.io