Mettre fin au règne de l’égocentrisme

Mettre fin au règne de l’égocentrisme

Si tu lis ces lignes, c’est que tu es probablement en quête de sens et d’espoir dans ce monde de fou. Bonne nouvelle : j’en apporte. Seulement, je ne me contente pas d’une vision positive du monde, je dresse aussi un état des lieux sans concession et j’en profite pour distribuer quelques gifles de réalisme au passage.


Ça ne fait jamais plaisir de souffrir, même mentalement, mais c’est un mal nécessaire. Comme dans un processus de guérison ou quand tu pratiques un sport : la douleur est une étape à franchir avant d’atteindre ton but, le bien-être dans un cas, la performance dans l’autre. (Je sais, j’enfonce une porte ouverte nietzschéenne, mais c’est toujours bon à rappeler.)

D’ailleurs, conseil d’ami. Si, dans ta vie courante, tu souffres face à l’expression de certaines idées contraires aux tiennes, au point où ton taux de cortisol ferait pâlir un trader new-yorkais sous cocaïne ; si de simples mots te font mal au point de hurler ou te donnent envie de commettre un meurtre contre quelqu’un qui n’a fait que s’exprimer (ce qui reste une valeur fondamentalement démocratique), pose-toi cette simple question :
Mes convictions sont-elles basées sur des croyances ou sur des faits ? C’est un excellent exercice de mettre ses croyances à la lumière de faits qui viennent parfois les contredire. Le cerveau est capable d’extraordinaires pirouettes acrobatiques : tu as probablement déjà été victime de ce qu’on appelle une dissonance cognitive. Le mur du réel étant brut et dépourvu de diplomatie, le choc est violent. Tes croyances se heurtent à un mur qui ébranle tes convictions les plus profondes. Incapable de traiter une information contradictoire, ton cerveau fera tout pour te convaincre du contraire, même quand la vérité crève les yeux.


Ajoute à cela un ego surdimensionné, gonflé par des décennies de culture individualiste où seul ton confort (matériel ou intellectuel) compte, et tu obtiens le cocktail parfait pour une explosion émotionnelle. La colère libère du cortisol (encore lui), qui réduit l’activité du cortex préfrontal – la partie responsable du raisonnement et de la prise de décision – au profit de l’amygdale, centre de la peur et de l’agression. Tu passes en mode « reptile » : réactions rapides, mais raisonnement appauvri. Ton QI mesurable peut littéralement chuter de 10 à 20 points. Imagine si tu pars déjà de 80…Tu finis par t’énerver, à court d’arguments, laissant exploser ta frustration comme un enfant pourri-gâté à qui on vient de retirer son jouet.


Tout ça à cause de quoi ? De mots. D’idées qui te frustrent. D’idées qui ont osé remettre en question ton petit monde intérieur. Tu vis l’expression d’opinions contraires comme une attaque personnelle, comme si on t’avait fouetté. Tu te sens agressé alors qu’il n’y a eu que des idées.

On touche là un mal qui ronge nos sociétés : la plupart des gens (peut-être toi) sont devenus incapables de débattre. A cause d’un ego démesuré et d’une arrogance inculquée dès le plus jeune âge. La société française en particulier se croit au sommet moral (droits de l’homme oblige) et l’Occident pense que son modèle politique est le meilleur du monde, au point de vouloir l’imposer à la planète entière, même si ça se solde par des millions de morts (Irak, Libye, etc.). Nous méprisons le passé en traitant nos ancêtres d’abrutis… tout en restant bouche bée devant les cathédrales qu’ils ont bâties.

Le but n’est pas de nous flageller indéfiniment, mais de faire une vraie introspection. Partons du principe que nous ne savons pas grand-chose. Même l’être le plus instruit ne possède qu’une infime fraction du savoir humain, et encore moins de ce qui reste à découvrir. Socrate avait raison : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »
Alors faisons preuve d’humilité. Avançons avec les connaissances accumulées, et cessons de répéter les erreurs du passé. Que l’expérience ne soit plus ce peigne qu’on offre aux chauves. D’instinct, nous ressentons tous que quelque chose est profondément cassé dans ce monde. Eh bien le premier combat à mener est intérieur : contre nos tentations, nos pulsions, et surtout contre l’arrogance que génèrent nos croyances.


On veut changer le monde ? Commençons par se changer soi-même. Gandhi l’avait parfaitement résumé : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Tout changement véritable commence de l’intérieur avant de se matérialiser à l’extérieur. C’est un appel à la responsabilité et à l’auto-détermination. Ton bonheur ne dépend pas des autres ; il commence par ta perception de la réalité et par les décisions que tu prends. Aide-toi toi-même… et le reste suivra.

Le vrai travail sur soi ne s’arrête pas à « je gère mieux mes émotions » ou « je deviens plus calme sur les réseaux ».
C’est une guerre intérieure qui, quand elle est gagnée, te fait crever le plafond de l’ego. Quand tu arrêtes de te prendre pour le centre du monde, quelque chose se passe : l’espace que tu libères en toi devient énorme.


Et dans cet espace vide de prétention, tu commences à percevoir autre chose.
Un silence. Une présence. Une intelligence qui n’a plus besoin de prouver qu’elle a raison. C’est là que tu touches à la transcendance : tu n’es plus une petite identité fragile qui défend son territoire, tu deviens un point de passage conscient.
Tu sens que tu n’es à la fois rien (un grain de poussière dans l’infini) et tout (une parcelle de cette même conscience qui anime chaque être vivant). À partir de ce moment-là, regarder un autre humain dans les yeux n’est plus une confrontation ni même une négociation : c’est une reconnaissance.


Tu vois la même lutte, la même peur, la même lumière derrière le masque.
Tu n’as plus besoin de le convaincre, de le dominer ou de le sauver : tu es déjà avec lui.
Et lui avec toi. C’est ça, la vraie fin de l’égocentrisme :
non pas devenir un gentil bisounours qui accepte tout,
mais devenir assez vaste pour contenir le monde sans qu’il te déchire. Travaille sur toi jusqu’à ce que ton « moi » devienne une porte ouverte plutôt qu’un bunker.
Et alors, sans même le chercher, tu seras enfin reconnecté :
à toi-même, aux autres, et à quelque chose de beaucoup plus grand que toi.

Votre humble serviteur,

PhylosoFact.

S'élever vers la vérité pour faire germer le meilleur.

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